Dans un contexte en pleine mutation où les technologies disruptives et les enjeux sociaux prennent une place prépondérante, le secteur public est plus que jamais confronté à la nécessité de réinventer sa formation professionnelle. En 2025, l’intégration de l’intelligence artificielle, la montée en puissance des exigences liées à la responsabilité sociétale et environnementale (RSE), ainsi que le défi du vieillissement démographique redéfinissent profondément les stratégies de formation. Cet article explore les enjeux majeurs auxquels le secteur public doit répondre pour adapter ses dispositifs et accompagner efficacement ses agents dans un monde du travail en transformation constante.
adapter les formations publiques face aux challenges de l’intelligence artificielle
L’introduction massive de l’intelligence artificielle (IA) dans le secteur public bouleverse les approches traditionnelles de la formation. Alors que 96 % des formations restent encore en présentiel, une partie croissante des responsables de formation commencent à expérimenter des modalités innovantes intégrant l’IA, bien que celle-ci ne soit réellement exploitée que par une minorité (environ 12 % des décideurs). Ce retard s’explique en grande partie par un déficit de compétences techniques parmi les acteurs de la formation, qui freine l’adoption à grande échelle.
Pour illustrer ce phénomène, prenons l’exemple d’une collectivité territoriale qui a récemment intégré des assistants vocaux et chatbots pour personnaliser les parcours de formation et automatiser certaines réponses à des questions fréquentes. Cette initiative a permis de libérer du temps pour les formateurs tout en améliorant l’accès à l’information pour les agents. Cette démarche s’inscrit dans une stratégie ambitieuse visant à concilier efficacité pédagogique et innovation numérique.
valoriser la dimension intergénérationnelle dans la formation du secteur public
Le vieillissement de la population active constitue un enjeu crucial pour l’administration publique. Avec le recul progressif de l’âge légal de départ à la retraite, les organisations publiques doivent impérativement repenser leurs dispositifs de formation pour maintenir l’employabilité des seniors tout en favorisant le dialogue intergénérationnel. Pourtant, près de 9 décideurs sur 10 déclarent ne pas avoir encore mis en place de programmes spécifiques dédiés aux agents âgés.
Cette lacune est préoccupante, d’autant que les attentes et modes d’apprentissage des différentes générations sont de plus en plus contrastés. Les jeunes actifs, nés dans l’ère numérique, privilégient la flexibilité et les formats digitaux, tandis que les générations plus anciennes restent attachées à la présence physique et à un accompagnement personnalisé plus traditionnel. L’enjeu pour les responsables de formation est donc de créer une offre équilibrée et adaptée aux besoins de chacun.
Des collectivités innovantes expérimentent des approches qui favorisent le mentorat inversé, où les jeunes formateurs initient les agents seniors à l’usage des nouvelles technologies, tandis que ces derniers transmettent leur savoir-faire métier à travers des parcours intergénérationnels. Cette synergie produit un enrichissement mutuel, dynamisant l’organisation et renforçant la cohésion d’équipe.
réorienter les financements de la formation dans le public selon les priorités d’emploi et la transition écologique
L’année 2025 marque un tournant en matière de financements pour la formation professionnelle dans le secteur public. Les enveloppes budgétaires sont resserrées et désormais concentrées vers des secteurs dits en tension, tels que la santé, l’informatique, ou encore l’industrie. Cette réorientation vise à répondre aux besoins urgents des structures publiques, en particulier pour les métiers qui manquent de candidatures.
Dans ce cadre, les dispositifs comme le Compte Personnel de Formation (CPF) connaissent des évolutions significatives destinées à renforcer l’autonomie des agents dans le choix de leurs formations. L’implication des salariés dans la définition de leurs parcours est donc accentuée afin d’améliorer leur attractivité et leur adaptation aux mutations du service public.
Par ailleurs, un volet particulier est consacré aux enjeux de la transition écologique, avec une hausse notable des crédits destinés aux formations portant sur la GREEN IT, les pratiques durables et la responsabilité environnementale. Ce mouvement correspond à un engagement fort des administrations dans une logique de responsabilité sociétale, en phase avec les attentes de la société civile et les obligations réglementaires.
diversifier les modalités pédagogiques pour répondre aux attentes des agents publics
Bien que le présentiel demeure la modalité dominante dans la formation publique, avec 96 % des formations assurées en face-à-face, les alternatives numériques gagnent progressivement du terrain. L’introduction croissante du e-learning, qui séduit désormais 68 % des décideurs, ainsi que du blended learning, adopté par un tiers d’entre eux, traduit une volonté d’adapter l’offre aux contraintes professionnelles et aux attentes des agents.
Cependant, l’innovation pédagogique ne se résume pas à la simple digitalisation des contenus. L’usage de l’intelligence artificielle pour personnaliser les parcours d’apprentissage, l’intégration de la gamification pour stimuler la motivation et renforcer l’engagement, constituent des pistes encore largement sous-exploitées. Par exemple, si seulement 30 % des décideurs formateurs utilisent la gamification, 91 % reconnaissent son impact positif sur l’implication des apprenants.
intégrer la responsabilité sociétale des organisations dans la formation publique
La responsabilité sociétale des organisations (RSO) s’impose désormais comme une composante essentielle des stratégies de formation dans le secteur public. Les administrations sont incitées à développer des actions de sensibilisation et des formations réglementaires afin d’ancrer ces principes dans la culture professionnelle des agents.
Le déploiement de formations dédiées à la RSE vise non seulement à favoriser un comportement éthique, mais aussi à assurer un impact mesurable sur l’environnement et la qualité des services publics. Malgré cette montée en puissance, il subsiste un point d’amélioration notable : la quasi-majorité des répondants (74 %) ne réalisent pas encore de suivi précis des impacts environnementaux des formations dispensées.